Concours externe d'administrat·eur·rice de l'Insee — 1999
Épreuve de mathématiques
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Problème 1
Notation. Pour deux entiers naturels \( p \) et \( q \ge p \), on note \( \llbracket p, q \rrbracket = [p, q] \cap \mathbb{N} \), c’est-à-dire l’ensemble des entiers naturels compris, au sens large, entre \( p \) et \( q \).
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Pour tout entier \( k \in \mathbb{N}^\star \), établir la formule :
$$ \sum_{j=0}^{k} \binom{k}{j} = 2^{k}. $$
En déduire, pour \( N \in \mathbb{N}^\star \), la valeur de
$$ \sum_{j=N+1}^{2N+1} \binom{2N+1}{j}. $$
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Pour tous \( n \in \mathbb{N} \) avec \( n \ge 2 \), et \( r \in \mathbb{N} \), montrer que
$$ \sum_{j=0}^{r} \binom{n-1+j}{n-1} = \binom{n+r}{n}. $$
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Pour tout entier \( k \in \mathbb{N}^\star \), établir la formule :
$$ \sum_{j=0}^{k} \binom{k}{j} = 2^{k}. $$
En déduire, pour \( N \in \mathbb{N}^\star \), la valeur de
$$ \sum_{j=N+1}^{2N+1} \binom{2N+1}{j}. $$
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Soient \( n,p \) des entiers avec \( 1 \le p \le n \). Rappeler le cardinal de l’ensemble
$$ E=\{(q_1,\dots,q_p)\;|\;1\le q_1<\cdots<q_p\le n\} \subset \llbracket 1,n \rrbracket^p. $$
Soient \( r \in \llbracket 0, p-1 \rrbracket \) et \( k \in \llbracket 0, n-1 \rrbracket \). Déterminer le cardinal du sous-ensemble \( E_k \subset E \) constitué des suites strictement croissantes \( (q_1,\dots,q_p) \) pour lesquelles \( q_{r+1}=k+1 \).
En déduire la formule : $$ \binom{n}{p} = \sum_{k=r}^{\,n-p+r} \binom{k}{r}\,\binom{n-k-1}{\,p-r-1}. $$ -
Déduire de ce qui précède, pour tout \( N \in \mathbb{N}^\star \), la formule sommatoire :
$$ S_N=\sum_{k=0}^{N} \binom{2N-k}{N}\,2^{k} = 2^{2N}. $$
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Retrouver la relation précédente par un raisonnement par récurrence.
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Soient \( n,p \) des entiers avec \( 1 \le p \le n \). Rappeler le cardinal de l’ensemble
$$ E=\{(q_1,\dots,q_p)\;|\;1\le q_1<\cdots<q_p\le n\} \subset \llbracket 1,n \rrbracket^p. $$
Soient \( r \in \llbracket 0, p-1 \rrbracket \) et \( k \in \llbracket 0, n-1 \rrbracket \). Déterminer le cardinal du sous-ensemble \( E_k \subset E \) constitué des suites strictement croissantes \( (q_1,\dots,q_p) \) pour lesquelles \( q_{r+1}=k+1 \).
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Un amateur de bonbons se promène avec deux boîtes de cachous, une dans chaque poche. Initialement, chaque boîte contient le même nombre \( N \in \mathbb{N}^\star \) de bonbons. À chaque envie, il choisit une boîte au hasard (choix indépendants) et en tire un bonbon. On note \( X_N \) le nombre de bonbons restant dans l’autre boîte lorsqu’il se rend compte que l’une des boîtes est vide (cet événement se produit à la tentative suivant le dernier bonbon).
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Déterminer la loi de \( X_N \).
Vérifier qu’on obtient bien une loi de probabilité. -
Établir, pour tout \( k \in \llbracket 0, N-1 \rrbracket \),
$$ 2(N-k)\,\mathbf{P}(X_N=k)=(2N+1)\,\mathbf{P}(X_N=k+1)-(k+1)\,\mathbf{P}(X_N=k+1). $$
En déduire que
$$ \mathbb{E}(X_N)=(2N+1)\,\mathbf{P}(X_N=0)-1. $$
En admettant
$$ n! \sim \sqrt{2\pi n}\,\left(\frac{n}{e}\right)^{n} \quad (n\to +\infty), $$
montrer que
$$ \mathbb{E}(X_N) \sim 2\sqrt{\frac{N}{\pi}} \quad (N\to +\infty). $$
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On appelle \( Y_N \) le nombre de bonbons restant dans l’autre boîte lorsqu’une première boîte est vidée (et non lorsqu’on découvre qu’elle est vide). Déterminer la loi de \( Y_N \).
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En déduire la probabilité \( p_N \) que la première boîte à être vidée n’est pas la première à être trouvée vide. Montrer que
$$ p_{N}=\frac{\binom{2N-1}{N}}{2^{2N}}, $$
puis, à l’aide de l’équivalent précédent,
$$ p_{N} \sim \frac{1}{2\sqrt{N}\,\pi} \quad (N\to +\infty). $$
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Déterminer la loi de \( X_N \).
Problème 2
Partie A
On considère \( E=\mathbb{R}_5[X] \), l’espace des polynômes de degré \(\le 5\). On note \( E_1 \) l’ensemble des polynômes impairs de \(E\) et \( E_2 \) l’ensemble des polynômes pairs de \(E\). On désigne par \( e_k \ (0\le k\le 5) \) la base canonique avec \( e_k(X)=X^k \). Les bases canoniques de \(E_1\) et \(E_2\) sont respectivement \( \{e_1,e_3,e_5\} \) et \( \{e_0,e_2,e_4\} \).
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Justifier que \( E_1 \) et \( E_2 \) sont supplémentaires dans \(E\), c’est-à-dire \( E=E_1 \oplus E_2 \).
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Montrer que l’application \( \sigma: E_2 \to E_2 \) définie par
$$ \sigma(P)(X)=(X^2+1)P''(X)-X P'(X) $$
est un endomorphisme de \(E_2\).
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Donner la matrice de \( \sigma \) dans la base \( \{e_0,e_2,e_4\} \) de \(E_2\).
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Déterminer le noyau de \( \sigma \), ainsi que ses valeurs propres et ses vecteurs propres.
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\( \sigma \) est-il diagonalisable ?
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Montrer que l’application \( \sigma: E_2 \to E_2 \) définie par
$$ \sigma(P)(X)=(X^2+1)P''(X)-X P'(X) $$
est un endomorphisme de \(E_2\).
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Montrer que l’application \( s: E_2 \to E_2 \) définie par
$$ s(P)(X)=(X^2-1)P''(X)+X P'(X) $$
est un endomorphisme de \(E_2\).
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Donner la matrice de \( s \) dans la base \( \{e_0,e_2,e_4\} \) de \(E_2\).
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Déterminer le noyau de \( s \), ainsi que ses valeurs propres et ses vecteurs propres.
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\( s \) est-il diagonalisable ?
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Montrer que l’application \( s: E_2 \to E_2 \) définie par
$$ s(P)(X)=(X^2-1)P''(X)+X P'(X) $$
est un endomorphisme de \(E_2\).
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On considère l’application \( P \mapsto 2X P(X) - P'(X) \) sur \(E\).
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Montrer que la restriction \( f \) de cette application à \(E_2\) définit une application linéaire de \(E_2\) dans \(E_1\).
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Déterminer la matrice de \( f \) dans les bases canoniques respectives de \(E_2\) et \(E_1\).
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Montrer que \( f \) est un isomorphisme.
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Montrer que la restriction \( f \) de cette application à \(E_2\) définit une application linéaire de \(E_2\) dans \(E_1\).
Partie B
Soit \(E\) un espace vectoriel réel (pas nécessairement de dimension finie). On suppose \(E=E_1 \oplus E_2\), avec \( s \) un endomorphisme de \(E_2\) et \( f: E_2 \to E_1 \) une application linéaire bijective. Pour \( x=x_1+x_2 \) avec \( (x_1,x_2)\in E_1\times E_2 \), on définit $$ F(x)=f^{-1}(x_1)+f(x_2)+s(x_2). $$
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Prouver que \( F \) est injective.
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Prouver que \( F \) est surjective (sans supposer \(E\) de dimension finie) et exprimer \( F^{-1}(y) \) pour \( y=y_1+y_2 \) avec \( (y_1,y_2)\in E_1\times E_2 \).
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Prouver que \( F \) est injective.
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On suppose que \( F \) admet une valeur propre réelle \( \lambda \). Soit \( x\ne 0 \) un vecteur propre associé, écrit \( x=x_1+x_2 \). Prouver que \( x_1 \) et \( x_2 \) sont non nuls et que \( x_2 \) est vecteur propre de \( s \).
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Réciproquement, si \( s \) admet une valeur propre réelle \( \mu \), prouver que \( F \) admet au moins une valeur propre réelle \( \lambda \). Déterminer un vecteur propre de \( F \) associé à \( \lambda \) en fonction d’un vecteur propre \( x_2 \) de \( s \) associé à \( \mu \).
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Montrer que si \( u_1,\dots,u_k \) sont des vecteurs propres de \( s \), indépendants et associés à une même valeur propre \( \mu \), alors les vecteurs propres de \( F \) précédemment construits sont indépendants.
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On suppose que \( F \) admet une valeur propre réelle \( \lambda \). Soit \( x\ne 0 \) un vecteur propre associé, écrit \( x=x_1+x_2 \). Prouver que \( x_1 \) et \( x_2 \) sont non nuls et que \( x_2 \) est vecteur propre de \( s \).
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On suppose désormais \(E\) de dimension finie et on pose \( n=\dim E_1 \).
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Justifier que \( \dim E_1=\dim E_2=n \) et \( \dim E=2n \).
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Si \( \mu_1,\dots,\mu_p \) sont les valeurs propres réelles distinctes de \( s \), prouver que \( F \) admet \( 2p \) valeurs propres réelles distinctes.
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Montrer que si \( s \) est diagonalisable, alors \( F \) l’est aussi.
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Justifier que \( \dim E_1=\dim E_2=n \) et \( \dim E=2n \).
Partie C
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On considère \( E=\mathbb{R}_5[X] \) et les applications \( s \) et \( f \) définies en Partie A. Déterminer les valeurs propres de l’application \( F \) correspondante (définie en Partie B).
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On considère la matrice définie par blocs
$$ A=\begin{pmatrix} 0 & I_3 \\ I_3 & B \end{pmatrix}, \qquad
B=\begin{pmatrix} 0 & 2 & -1 \\ 2 & 0 & 1 \\ -2 & 2 & 1 \end{pmatrix}, $$
où \( I_3 \) est la matrice identité d’ordre 3.
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Donner les matrices des applications \( s \) et \( f \) permettant d’appliquer les résultats de la Partie B.
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La matrice \( A \) est-elle diagonalisable ?
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Donner les matrices des applications \( s \) et \( f \) permettant d’appliquer les résultats de la Partie B.